mardi 8 novembre 2011

Présentation du chercheur Pierre Rainville au #congrèssqh

LA NEUROPHÉNOMÉNOLOGIE DE LA DOULEUR DANS L’HYPNOANALGÉSIE ET LE ZEN
BREF RÉSUMÉ DE LA PRÉSENTATION (extrait du programme)

La perspective neurocognitive sur les fonctions mentales propose généralement une mobilisation des fonctions exécutives préfrontales pour favoriser l’autorégulation volontaire et diminuer la douleur et la souffrance émotionnelle.  Ces réponses préfrontales sont souvent couplées à l’activation de structures sous-corticales associées aux voies descendantes du contrôle inhibiteur de la nociception. L’activation de ces systèmes produit normalement une diminution de l’expérience de la douleur et des réponses physiologiques correspondantes. 

En concordance avec ce modèle, la modulation de la douleur produite par des suggestions hypnotiques ciblées s’accompagne d’une activation pré-frontale et du tronc cérébral ainsi que d’une diminution des réponses dans les territoires corticaux qui reçoivent les signaux nociceptifs.

Des données récentes de neuroimagerie suggèrent que des mécanismes fondamentalement différents soient en jeu dans l’hypoalgésie observée chez des adeptes expérimentés de la méditation Zen. En effet, par
rapport à des témoins, la réponse cérébrale observée chez ces individus pendant une douleur aiguë se distingue par une diminution de l’activité, et par un découplage fonctionnel, de certaines régions limbiques/paralimbiques et pré-frontales. Ceci suggère un désengagement au moins partiel des circuits cérébraux normalement associés aux émotions, aux mécanismes de planification et d’autorégulation volontaire, ainsi qu’à la mémoire de travail. Ces réponses sont généralement congruentes avec l’enseignement Zen et les descriptions expérientielles de l’état « pleine conscience » (mindfulness) qui suggèrent une observation passive de l’expérience au moment présent, sans évaluation, jugement
ou élaboration cognitive ou émotionnelle. Ces études illustrent bien la multiplicité des mécanismes de modulation de la douleur et suggèrent que les états d’esprit cultivés par certaines pratiques méditatives permettent une suspension au moins partielle des processus neuro-émotionnels et neuro-cognitifs d’amplification qui sont vraisemblablement mis en jeu automatiquement pendant l’expérience de la douleur.

PRÉSENTATEUR
Pierre Rainville, PhD., est professeur titulaire au département de stomatologie de la faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal. Il travaille aussi au laboratoire de recherche en neuropsychologie de la douleur du Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal