Être témoin d’une situation, d’un accident, d’une maladie ou d’un crime, ce n’est jamais agréable. On aimerait être ailleurs. On se dit alors : « je ne veux pas voir ça. » Mais la fuite et l’évitement ne font pas avancer les choses. Pour se construire soi-même, il faut avoir confiance en soi. Pour construire sa communauté, il faut être solidaire envers les personnes éprouvées et faire confiance aux autres. Par exemple, si vous êtes témoins d’un accident, vous devez porter secours, pour aider les victimes, sans vous mettre en danger, ou encore aller chercher de l’aide. Dans cette chronique, je parle d’un genre particulier d’accident. Je fais mes recommandations sur ce qu’on devrait faire lorsqu’on est témoin d’un acte d’intimidation envers un élève de notre école.
Comment réagir
Un peu comme quand on est témoin d’un accident grave, quand tu es témoin d’acte d’intimidation, tu dois prendre ça au sérieux. Tu ne dois certainement pas participer à l’agression ou faire des blagues. Tu dois bien observer la situation et estimer si tu peux intervenir, sans risque. Si tu te sens courageux et que, par exemple, tu te vois bien dans le rôle de policier, tu peux dire aux agresseurs de se taire, de s’arrêter, de s’excuser, de s’en aller. Ton intervention va peut-être déclencher une prise de conscience et pourra faire réfléchir des élèves qui ne se rendent pas compte de la méchanceté de leur acte. Ton acte de bravoure fera de toi un modèle positif, courageux et respecté par tes amis.
Cependant, si la situation est trop violente et que tu te sens toi-même vulnérable, évite de faire de toi une nouvelle victime! Tu dois immédiatement aller chercher l’aide d’un adulte. À tout le moins, ne prends pas part à l’agression. Observe bien qui fait quoi et rapporte tes observations à un adulte responsable. Tu aideras la victime en témoignant pour elle.
Mais je sais bien que dans la vraie vie… ce n’est pas tout le monde qui a le courage d’entreprendre une telle action en s’imposant comme un policier! Si tu as un profil introverti et timide, tu peux utiliser les moyens de communication moderne qui sont disponibles aujourd’hui et que je n’avais pas dans mon école dans les années 80… Tu as sûrement l’adresse courriel de ton école, tu peux alors écrire pour rendre compte de ce que tu as été témoin. Tu peux aussi utiliser le téléphone. Ou encore, parles-en à tes parents. Soucieux de leur communauté, ils passeront l’information aux personnes concernées. En tant que psychologue scolaire, je reçois souvent des appels téléphoniques de parents que je ne connais pas, concernant des élèves de l’école. Et comme adulte responsable, je vérifie toutes les informations sérieusement. Parce que l’intimidation c’est sérieux! Je te rappelle que ces situations d’intimidation seront prises très au sérieux par tous les adultes concernés. Pour nous, adultes responsables, ne pas agir devant l’intimidation entre élèves, serait presqu’aussi grave que de faire nous-même de l’intimidation… Donc n’hésite pas à dénoncer toute situation d’intimidation. Et si tu as des doutes, parles-en quand-même à un adulte responsable. Cette personne pourra juger de la gravité d’une situation. Tu ne seras jamais blâmé pour ton geste d’entraide.
Il y a aussi un autre volet important à mentionner ici. Si tu es témoin d’intimidation tu peux aussi aider directement et soutenir la victime. Sois solidaire, en lui exprimant ton désaccord avec l’intimidation, en l’encourageant à parler à un adulte. Dis-lui qu’elle est victime d’une grave injustice et qu’elle obtiendra réparation. Tu prendras alors le rôle de conseiller juridique de première ligne! Ce support psychologique et moral est essentiel pour la victime. Sans ce support, elle pourrait sombrer dans la résignation, croire qu’elle mérite ce qui lui arrive, qu’elle la chercher, qu’elle ne mérite pas le respect. À ce moment tu dois l’invalider dans son processus de nécrose psychologique qui peut mener à la dépression. Tu peux la conseiller de façon à prévenir une perte affligeante de l’estime de soi, si essentielle à l’accomplissement et la réalisation de soi. Essaie de valider la victime dans sa recherche de réparation, d’affirmation et d’assertion sociale. Répète-lui qu’il vaut la peine de s’affirmer.
Encore ici protège-toi avant d’aider les autres. Une bonne stratégie est de s’unir entre témoins de l’acte d’intimidation. Ensemble, vous pourrez vous soutenir entre vous pour mieux aider la victime. Votre témoignage aura plus de poids auprès de l’adulte.
Référence :
QUE FAIRE SI TU ES TÉMOIN D’INTIMIDATION?