Carnet de psychologie scolaire: psychothérapie, métaphores, relaxation, hypnose, visualisation, motivation
jeudi 5 août 2010
L'autohypnose à l'école
Il est très profitable d’utiliser les méthodes d'induction hypnotique pour entraîner les élèves à relaxer dans le contexte scolaire et éducationnel. Comme la plupart des élèves utilisent des baladeurs pour écouter de la musique, ils sont très ouverts à utiliser des enregistrements vocaux numériques pour pratiquer l’autohypnose. Voici comment on peut procéder pour les initier à cette pratique très relaxante.
L’hypnose de spectacle n’est pas de l’hypnose
En priorité, il faut dissiper les malentendus. C’est-à-dire qu’il faut d’abords démystifier l'hypnose auprès des parents et élèves avec qui on travaille. Il faut, en outre, leur expliquer que l'hypnose de spectacle qu'ils connaissent de certains films ou programme télévisé, n’a rien à voir avec l’hypnose clinique et est beaucoup plus une démonstration de soumission à l’autorité que celle d’une véritable transe.
Définir les termes
Voici comment procéder par la suite pour introduire l'hypnose auprès des jeunes. Une définition de l’hypnose indique qu’il s’agit d’un état altéré ou modifié de la conscience. La transe est le terme employé pour désigner cet état. La transe est une forme de relaxation très profonde et très énergisante. On retrouve la transe dans la plupart des religions, dans la méditation ou la prière. Mais la transe hypnotique est spéciale car elle est induite à l’aide d’une méthodologie scientifique encadrée par des protocoles validés.
Pourquoi la transe
Cette relaxation de l’esprit est nécessaire aux élèves qui font face aux divers stress liés à l’apprentissage sous pression. Elle permet de nourrir la dimension émotionnelle nécessaire au maintien de la motivation, de la créativité.
Comment la transe
Nous pouvons nous relaxer, même sans le savoir, lors de nos activités quotidiennes. Par exemple, en prenant le bus, ou le train, on peut méditer en regardant le paysage. Mais cette forme de relaxation n’est souvent qu’une relaxation de surface car les problèmes du quotidien peuvent à tout moment ressurgir à la conscience et notre méditation peut rapidement se transformer en réflexion analytique. La transe hypnotique est beaucoup plus profonde parce que l’opérateur qui formule le libellé de l’hypnose redirige constamment le sujet vers un abandon de plus en plus total de toute forme de réflexion.
Validation scientifique
L’hypnose n’est pas le sommeil de toute la conscience, mais plutôt une méthode qui permet de diminuer l’activité de certains centres neuronaux. Aujourd’hui, la recherche à l’aide de l’imagerie fonctionnelle du cerveau, nous permet d’identifier les centres qui sont « endormis » par les inductions classiques de la transe.
Dans un article publié en 2005 et cité en référence, Egner, Jamieson et Gruzelier, démontrent que l’induction hypnotique « désengage » les centres nerveux qui contrôlent l’exécution des étapes de la résolution de problème. De cette façon, l’induction permet une relaxation très profonde de l'esprit conscient, « où il n’y a pas de préoccupation, de travail à effectuer ou de problème à résoudre ».
Pratique, pratique, pratique
Une fois cette explication donnée, il ne reste qu’à conditionner l’élève à l’écoute d’enregistrements numériques sur baladeur. On peut « modeler » ou « renforcer » l’utilisation du baladeur en écoutant, en présence de l’élève, des enregistrements numériques de séances d’hypnose. Après 12 à 15 minutes d’écoute, ils retournent graduellement vers l’éveil. On fait un retour sur le vécu. À ce moment, on peut relancer l’habitude d’écoute de l’élève en lui faisant prendre conscience des bienfaits de la relaxation guidée, enregistrée sur le baladeur. On discute également des moments propices à l’écoute qui se fera régulièrement avant la prochaine rencontre où nous pouvons modifier, en tout ou en partie, l’enregistrement numérique.
Référence :
Egner, T., Jamieson, G., Gruzelier, J. (2005). Hypnosis decouples cognitive control from conflict monitoring processes of the frontal lobe. NeuroImage, 27, 969-978.